L’opération aérienne internationale en Libye à peine engagée, la question du coût financier de l’intervention se pose pour des armées occidentales déjà soumises à de fortes pressions budgétaires.
La durée de l’opération est la principale inconnue et c’est elle qui déterminera le montant de la facture. « Aujourd’hui, la priorité est clairement la protection des populations, souligne le général Philippe Pontiès, porte-parole adjoint du ministère français de la Défense. Le coût financier n’est pas la première priorité ».
Mais au cinquième jour de l’intervention militaire française en Libye, l’armée a commencé à avancer quelques chiffres. Car l’armée française a déployé des moyens conséquents depuis le début de l’opération. Avec 55 sorties, les Rafale et Mirage 2000 Français totalisaient lundi soir plus de 400 heures de vol dans le cadre des missions au-dessus de la Libye.
Combien coûte une heure de vol d’avion de chasse ?
Alors combien ça coûte une heure de vol pour un Rafale ? Des experts en aéronautique estiment le coût de l’heure de vol du Rafale entre 10 000 et 13 000 euros, hors carburant. Pour le Mirage 2000 l’heure se facture entre 10 000 et 11 000 euros, là aussi hors carburant. Quand on sait qu’au cours d’une opération les avions sont ravitaillés une fois, voire deux, en carburant, la facture grimpe assez rapidement.
Certaines estimations portent le coût total, avec carburant, à environ 29 000 euros pour une heure de vol d’un Rafale, des chiffres que l’armée ne dément pas formellement.
Un réel surcoût par rapport à d’habitude ?
Les appareils ont jusqu’à présent décollé des bases françaises, à six heures de vol aller-retour de la Libye. Mais le coût des sorties devrait être en partie réduit avec l’arrivée sur zone du porte-avions Charles de Gaulle. L’état-major souligne que les chasseurs engagés sont en temps normal en mission d’entraînement et les navires généralement en mer. Les missions réelles constituant en fait, « une sorte de sur-entraînement ».
Les opérations en Libye mobilisent essentiellement du matériel de haute technologie et n’ont pas les conséquences financières d’un déploiement massif au sol, comme en Afghanistan où la France maintient actuellement 4 000 soldats. « Même si on a du monde un peu partout, on est bien moins engagés dans des opérations extérieures que les Américains ou les Anglais », note Eric Denécé du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R).
Combien coûte un missile ?
« Le surcoût, ce qui coûte très cher, c’est les bombes, tout ce qu’on largue. Il est essentiellement dans les munitions, parce qu’après il faut les remplacer », souligne Eric Denécé. Selon l’état-major, les appareils français ont notamment fait usage de bombes américaines guidées laser GBU12 et de missiles de moyenne portée AASM. Ces missiles coûtent, selon les spécialistes, entre 300 000 et 350 000 euros l’unité, mais sont souvent négociés autour de 250 000 euros.
Pour l’instant la France n’en a pas fait un usage très conséquent, ne détruisant que quelques chars des forces pro-Kadhafi.
Combien va coûter la guerre au total ?
Le coût final de la guerre dépendra de la durée de l’opération. Mais ce nouvel engagement pèsera, notamment en France et en Grande-Bretagne, sur des budgets Défense, soumis à une cure de minceur. Selon Pierre Maulny, spécialiste des questions de Défense à l’Institut des relations internationales et stratégiques, cité par Libération, dans cette configuration actuelle la guerre pourrait coûter, sur un an, entre 150 et 250 millions d’euros.
Et quel coût pour les Etats-Unis ?
En comparaison, la guerre a déjà coûté beaucoup plus aux Etats-Unis. En effet, depuis le début de l'intervention, les Etats-Unis ont déjà lancé plusieurs centaines de missiles Tomahawk sur la Libye. Quand on sait que le prix à l'unité d'un tel missile est estimé entre 1 million et 1,5 millions de dollars on comprend que la facture grimpe rapidement. Ajoutez à celà plus de 25 heures de vols (à 10 000 dollars l'heure sans carburant) et la perte d'un avion F15 (d'une valeur de 75 millions de dollars) et la facture s'alourdit encore un peu plus.